Une question d'équilibre ?
les troubles du comportement alimentaire
Sommaire
Les troubles du comportement alimentaire (TCA) en quelques chiffres, en France, c’est : 600 000 jeunes qui en souffrent, 28% des adolescentes qui sont concernées par les crises de boulimie, constituent la 2ème cause de mortalité prématurée chez les 15-24 ans, juste après les accidents de la route et 50% des personnes souffrant de TCA ne bénéficient pas d’une prise en charge médicale. Les chiffres sont alarmants, les TCA font donc partie des préoccupations majeures en matière de santé publique. Derrière les TCA se cachent une souffrance, un manque affectif, un non-dit, une blessure, un besoin de contrôle.
Comment se définissent les TCA ?
Les troubles du comportement alimentaire sont des conduites alimentaires différentes de celles habituellement adoptées par les personnes vivant dans le même environnement. Ces troubles sont importants et durables et ont des répercussions psychologiques et physiques. Si l’on englobe toutes les formes de TCA, on estime que 10% de la population française pourrait être concernée. Les TCA touchent beaucoup plus de femmes que d’hommes, et débutent souvent à l’adolescence ou au début de l’âge adulte.
Définition de la FRM
Selon la Fondation de la Recherche Médicale, durant toute notre vie, notre rapport à la nourriture reflète notre état de santé physique ou mentale : notre appétit est fréquemment modifié par des bouleversements passagers (stress, infection, déprime passagère, etc.). Mais, lorsqu’une relation inhabituelle à la nourriture associée à une souffrance psychique s’installe durablement et qu’il y a des conséquences pour la santé, on parle de troubles des conduites alimentaires.
La vision psychologique des TCA
Selon Rébecca Shankland, enseignante-chercheuse en psychologie, la difficulté de gérer des émotions est également impliquée dans les TCA : « la relation à l’alimentation est vécue comme une lutte interne permanente, la perte de contrôle face à la nourriture (crises de boulimie) entraîne une intense culpabilité, de la honte, renforçant, à leur tour, les TCA en raison de la difficulté à réguler ces émotions ». La personnes atteinte de TCA rentre alors dans un cercle vicieux. Elle se dit que c’est la dernière fois qu’elle perd le contrôle, devient encore plus strict sur son alimentation puis atteint un niveau de frustration trop élevée et reperd le contrôle, entraînant culpabilité et honte.
Comme le précise Patricia Tréanton, équilibriste, relaxologue et praticienne en reiki, les addictions impliquent de se remplir pour apaiser un mal-être. Une souffrance est très souvent associée à un sentiment de culpabilité : « à chaque fois c’est plus fort que moi ». La personne ne fait pas de lien avec sa souffrance. Pour elle, c’est un acte compulsif, qu’elle ne peut réfréner.
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Quels sont les types de TCA ?
Selon la CIM-10 (Classification Internationale des Maladies plus précisément des troubles mentaux et troubles du comportement), on distingue notamment :
- anorexie nerveuse
- boulimie nerveuse
- hyperphagie boulimique
Plusieurs facteurs psychologiques peuvent entrer en jeu. Certains traits de personnalité comme le perfectionnisme, le besoin de contrôle ou d’attention et la faible estime de soi sont fréquemment retrouvés chez les personnes souffrant de TCA. De même, des traumatismes ou des évènements difficiles à vivre peuvent déclencher le trouble ou l’aggraver.
L’anorexie nerveuse
On parle d’anorexie nerveuse ou mentale. Ce trouble survient le plus souvent au moment de la puberté et se déclenche le plus souvent entre 14 et 17 ans.
Les traits caractéristiques sont : la restriction volontaire des apports alimentaires et énergétiques (voire refus de s’alimenter) entrainant une perte de poids excessive et résultant en un indice de masse corporelle trop bas par rapport à l’âge et au sexe ; la peur intense de prendre du poids ou de devenir obèse, même en cas de maigreur ; la distorsion de l’image corporelle (se voir gros.se alors qu’on ne l’est pas), déni du poids réel et de la gravité de la situation.
L’anorexie affecterait de 0,3% à 1% des jeunes femmes. Certains symptômes peuvent être associés à l’anorexie comme l’absence de règles, une croissance retardée, des obsessions alimentaires, de l’hyperactivité, ou encore un surinvestissement intellectuel.
La boulimie nerveuse
La boulimie touche le plus souvent des jeunes femmes, très préoccupées par leurs formes et par leur poids. Ce trouble se définit par une consommation excessive ou compulsive de nourriture (hyperphagie) associée à des comportements de purge (tentative d’éliminer la nourriture ingurgitée, le plus souvent par vomissements provoqués ou encore le jeûne ou la pratique d’un sport de façon intensive).
Les traits caractéristiques sont : des épisodes récurrents d’hyperphagie (ingurgitation de quantités importantes de nourriture en moins de 2 heures, avec le sentiment de perdre le contrôle) ; des épisodes récurrents compensatoires destinés à éviter la prise de poids ; ces épisodes surviennent au moins une fois par semaine pendant 3 mois.
La personne a tendance à consommer des aliments sucrés, à forte teneur en graisses. La quantité de nourriture consommée est variable et représente parfois des milliers de calories. On estime que 1 à 3% des femmes souffrent de boulimie au cours de leur vie.
L’hyperphagie boulimique
L’hyperphagie boulimique ou compulsionnelle ressemble à la boulimie (absorption disproportionnée de nourriture et sentiment de perte de contrôle), mais elle n’est pas accompagnée de comportements compensatoires, comme les vomissements ou la prise de laxatifs. Ce trouble touche presque autant les hommes que les femmes.
Les traits caractéristiques sont : manger trop vite ; manger jusqu’à se sentir trop plein ; manger de grandes quantités de nourriture même lorsque l’on n’a pas faim ; manger seul.e en raison d’un sentiment de honte lié à la quantité de nourriture ingurgitée ; sentiment de dégoût, de dépression ou de culpabilité après l’épisode d’hyperphagie.
L’hyperphagie est associée à une obésité dans la grande majorité des cas et toucherait 3,5% des femmes et 2% des hommes. Ce trouble est probablement sous-estimé puisque les personnes souffrant d’hyperphagie boulimique consultent pour surpoids sans évoquer leur TCA.
*une partie des informations sont issues de l’INSERM (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale) et du site passeport-santé.
Quels sont les facteurs de risques de développer des TCA ?
L’anorexie nerveuse
Les TCA conduisant à l’anorexie sont donc la résultante de facteurs multiples :
- Facteurs génétiques : la fréquence de l’anorexie mentale est plus élevée chez les apparentés au premier degré de femmes anorexiques (parents, fratrie, enfants)
- Facteurs psychologiques et traits de personnalité : épisodes dépressifs, trouble de la personnalité, baisse de l’estime de soi, et un perfectionnisme sont plus souvent présents chez les personnes présentant des TCA
- Facteurs familiaux : la vie familiale est profondément perturbée par la présence d’une personne ayant des TCA
- Facteurs biologiques : les modifications neurologiques et métaboliques (facteurs endocriniens) des systèmes de régulation de l’appétit peuvent influer sur les TCA et leur chronicité.
- Facteurs socioculturels : leur rôle est difficile à mettre en évidence. Plusieurs études ont montré que les pathologies alimentaires étaient plus fréquentes dans certains milieux où le corps idéalisé est au centre de l’activité professionnelle (danseurs, mannequins, sportifs de haut niveau, …)
La boulimie nerveuse et l’hyperphagie boulimique
Les TCA conduisant à la boulimie et l’hyperphagie sont donc la résultante de facteurs multiples :
- Facteurs de vulnérabilité génétique et facteurs psychologiques : des troubles dépressifs ou troubles bipolaires, des troubles de la personnalité, des troubles de déficit de l’attention avec hyperactivité, une baisse de l’estime de soi, et un perfectionnisme sont plus souvent présents chez les personnes présentant des TCA
- Facteurs familiaux et sociaux : l’impact culturel et le rôle social de l’alimentation influencent le comportement alimentaire
- Facteurs déclenchants et d’entretien : des évènements de la vie (facteurs de stress psychiques, maltraitance) peuvent déclencher un TCA et des modifications neurologiques et métaboliques des systèmes de régulation de l’appétit peuvent influer sur leur chronicité
Comment les soigner ?
Il n’y a pas d’intervention miracle pour soigner les TCA. Il est nécessaire d’être accompagné.e et aidé.e par un.e professionnel.le de santé. Pour une guérison, il est important que le patient adhère à la prise en charge, où l’objectif est de restaurer le poids, traiter la souffrance psychologique et minimiser les conséquences sociales et relationnelles. Il est indispensable d’associer l’entourage à la prise en charge, notamment la famille, pour les mineurs comme pour les adultes. La façon dont la famille va réagir et se mobiliser, avec l’aide de l’équipe médicale est très importante. En termes de guérison, il est important de différencier la guérison somatique, psychologique, sociale, familiale, etc.
Selon Sabrina Palumbo-Gassner, coach certifiée spécialisée dans l’accompagnement des troubles alimentaires, être guéri c’est « être capable de reprendre sa vie en gérant les imprévus avec confiance en soi et en la vie. C’est accepter que le monde est imprévisible et irréversible. C’est se sentir bien avec soi-même et ressentir de l’empathie pour soi. C’est laisser place à de la sérénité là où il y a pu avoir de la culpabilité et des regrets.
Finalement ...
Les TCA ne sont pas invincibles. Avec beaucoup de force, de courage et de motivation, il est possible de s’en débarrasser. La guérison complète est obtenue dans 60% des cas d’anorexie mentale ou de boulimie, et dans 50 à 60% des cas de compulsions alimentaires ou d’anorexie-boulimie.
« La beauté du corps est un voyageur qui passe, tandis que la beauté du cœur est un ami qui reste ». Antoine de Saint-Exupéry
Des réponses d'équilibristes
« Le trouble du comportement alimentaire désigne une problématique qui se situe à l’intérieur de soi et qui tente de se résoudre dans la relation avec la nourriture, quelque chose qui n’arrive pas à se dire, à se vivre que par un désordre alimentaire. Cette situation amène bien souvent une dégradation de l’image de soi, de la valeur que l’on se donne. Il est aussi question de sécurité et de lien d’attachement. Le soin thérapeutique est une nécessité. La première étape sera de rompre l’isolement. L’accompagnement en Gestalt-thérapie s’appuie sur une présence attentive sans jugement afin d’installer un climat de confiance et de respect. La Gestalt travaille à la fois sur la relation, l’émotionnel, tout en mettant des mots sur les maux. » Laëtitia Innocente
« Derrière les TCA se cache un sentiment de rejet, une souffrance ressentie et un déséquilibre qui s’installe dans la relation à l’alimentation. À la naissance et même dans le ventre il y a une dépendance pour recevoir la nourriture, et lorsqu’il y a un conflit avec la mère, la nourriture devient une souffrance. En outre, parce qu’une personne qui aime manger, se préparer des plats qu’elle aime, passer à table est un plaisir, convier des amis à sa table l’est également et le besoin de plaisir est nourri. L’addiction à la nourriture quant à elle est un besoin de nourrir un manque, une frustration, une blessure, que l’on ne conscientise pas forcément. » Agnès Courtois
« Dans mes accompagnements, les TCA sont d’origines diverses et multiples. Parfois les croyances, les émotions, un traumatisme, du stress, des troubles cognitifs, des rapports interpersonnels ou intrapersonnels complexes, des troubles hormonaux peuvent favoriser l’émergence de troubles du comportement alimentaire. Le sujet est très vaste et doit être traité, à mon sens, soit sous un angle bien précis, soit dans sa globalité. Si c’est le second choix il est important qu’un professionnel médical intervienne, ce qui semble plus logique de manière à ne pas sortir d’un champ de compétences particulier. De mon côté, je propose un programme dans ce sens qui aborde sous l’aspect comportemental, cognitif et émotionnel. J’accompagne les TCA en concertation avec un médecin ou un psychologue. Mon positionnement est un accompagnement sur le changement par rapport à l’alimentation, son corps et soi et non des troubles qui relèvent du domaine médical. » Caroline Jeauneau-Rosec
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